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← articles plus anciens 19 juin 2014 la chasse aux bouteilles vides : une économie informelle à l’allemande depuis l’instauration en allemagne d’une consigne sur les boissons commercialisées – un exemple que la france envisage d’imiter -, une nouvelle figure urbaine a fait son apparition : les collecteurs de bouteilles vides, soutenus dans leur quête par plusieurs initiatives solidaires. les cadavres de bière ont à peine échoué près de la poubelle qu’un homme s’approche pour les glisser dans un grand cabas bleu. d’un coup d’œil, il les compte puis reprend sa route, l’air concentré. à l’heure où s’étirent apéritifs et barbecues à berlin, nombreux sont les « pfandsammler » ou « collecteurs de consignes » qui, comme andréas müller, écument les parcs pour récolter les bouteilles vides. depuis le 1 er janvier 2003, la majorité des boissons allemandes sont consignées : elles sont payées un peu plus cher par le consommateur qui peut ensuite récupérer son dû en rapportant les récipients en magasin. le tarif est de 8 centimes pour une cannette de bière vide, 15 centimes pour une bouteille en plastique réutilisable et 25 pour tout contenant non recyclable. accumulées, ces sommes arrondissent les fins de mois de nombreux berlinois. une berlinoise récolte des bouteilles consignées dans la rue : rien ne se perd – frau beim sammeln von pfandflaschen / crédit photo york berlin- headshot in berlin le collecteur de consigne : une figure urbaine aux profils multiples andréas müller a 48 ans. il est père de famille et employé de la deutsche bahn, l’entreprise ferroviaire publique allemande, où il gagne modestement sa vie (10 euros brut de l’heure). chaque soir, il consacre entre deux et trois heures au ramassage de ces contenants vides, pour une recette moyenne de 1 à 2,50 euros. « j’aime la nature et ça me fait faire de l’exercice », explique-t-il sans ironie, satisfait toutefois de ne pas avoir « à en vivre ». a l’extrémité du volkspark berlinois, il désigne un autre homme, flanqué d’un caddie chargé de bouteilles jusqu’à la gueule. « lui, c’est un irakien , dit-il. il ne parle pas un mot d’allemand et fait ça au pas de course, du matin au soir, parfois jusqu’à 2 ou 3 heures du matin ». pour le sociologue lyonnais sebastian jan moser, auteur d’une thèse récente sur les collecteurs de consignes ( pfandsammler. erkundungen einer urbanen sozialfigur , hamburger edition, mars 2014), cette nouvelle forme de cueillette concerne divers profils : sans-abris, retraités, immigrés mais aussi employés de l’administration, ouvriers ou encore éboueurs. la fouille des poubelles est interdite dans de nombreuses villes allemandes mais pas à berlin où elle n’est prohibée que dans le métro. pour éviter la concurrence, certains adoptent des itinéraires précis ; d’autres se concentrent sur certains événements comme les manifestations ou les rencontres sportives. souvent, l’argent n’est pas l’unique motivation de ces glanes, de toute façon peu rentables : elles représentent aussi un moyen d’échapper à l’isolement et de structurer son quotidien, en récréant un semblant de vie active. des initiatives pour faciliter le ramassage afin de faciliter le travail des chasseurs de consignes, de nombreuses initiatives ont vu le jour, à travers toute l’allemagne. pionnière en la matière, la campagne « pfand gehört daneben » (« les consignes vont à côté ») a été lancée à hambourg en 2011. « tout bonnement parce qu’on ne jette pas l’argent ! », clament les affiches, prospectus et pochoirs qui incitent les buveurs à déposer leurs bouteilles à côté plutôt que dans la poubelle, afin d’éviter une collecte « humiliante » et « dangereuse ». le mouvement est soutenu par la marque de boisson « sociale » lemonaid qui installe dans la ville des caisses à consigne ( pfandkisten ) destinées à recueillir les récipients. un plan pour localiser ces caisses ainsi qu’un tutoriel pour en fabriquer d’autres ont été mis en ligne. le « pfandring » ou « anneau à consignes » inventé par paul ketz à cologne / crédit photos : markus diefenbacher © 2013 a cologne, un autre dispositif plus créatif vient d’être mis en place : dix « pfandring » ou anneaux à consigne en acier jaune vif ont été fixés aux poubelles publiques, fin mai 2014. cette invention d’un jeune designer a été récompensée il y a deux ans par le prestigieux prix fédéral de l’écoconception et a alors obtenu l’assentiment de la ville, après plusieurs mois de polémique : certain élus critiquaient le coût de ces installations et estimaient qu’elles contribuaient à « pérenniser » l a pauvreté au lieu de la « combattre ». collecteurs et consommateurs allemands peuvent désormais entrer en contact via le site www.pfandgeben.de , lancé il y a deux ans par un étudiant en graphisme, à une époque où les bouteilles s’accumulaient dans sa colocation. le principe ? une plateforme 2.0 qui répertorie les numéros de téléphone des collecteurs de consignes par ville et par quartier, afin que les particuliers puissent les faire venir à domicile. a ce jour, l’annuaire compte plus de 1 500 collecteurs inscrits à travers l’allemagne. a l’heure du mondial de football, de longues heures de ramassage attendent les chasseurs de consignes qui, plus que d’habitude encore, contribueront à tenir propres les espaces verts et rues allemandes. un exemple pour la france qui envisage de réintroduire partiellement la consigne, comme l’indique le texte du plan national de prévention des déchets 2014-2020. le système allemand, lui, dix ans après sa mise en place, n’a pas résolu tous les problèmes : si les bouteilles en verre sont bien réutilisées, à hauteur de 88%, celle en plastiques ne le sont plus qu’à 40 %. or, chaque jour, la bouteille en plastique, recyclable ou non, gagne un peu plus de terrain… camille thomine (monde académie, à berlin) publié dans consommation , economie , société | 77 commentaires 10 juin 2014 l’amour au temps du cancer améliorer la qualité de vie des patients pendant et après la maladie est l’une des mesures phares du troisième plan cancer lancé en février 2014. mais la sexualité des malades n’est jamais citée explicitement et reste trop souvent un sujet tabou, pour les spécialistes et les personnes concernées. lors de l’atelier, les patientes apprennent à prendre soin de leur peau asséchée par les traitements. crédit photo : livia saavedra – http://cargocollective.com/livia certaines ont gardé leur pyjama et traînent derrière elles une pochette de perfusion. d’autres ont pris soin de mettre un peu de maquillage. « ma fille est très coquette , chuchote bernadette dumont* en scrutant celle qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. sa plus grande crainte est de perdre ses longs cheveux. » sandrine dumont, 40 ans, est en début de protocole, le processus de soins et de traitements nécessaire pour combattre un cancer. dans la médiathèque de l’hôpital saint-louis à paris, une dizaine de femmes sont venues « camoufler les effets secondaires » de la chimiothérapie. c’est ainsi que babeth l’esthéticienne décrit ces deux heures de mise en beauté réservées aux femmes atteintes de cancer. les moins pudiques ont ôté fichus ou perruques, comme marie-estelle roussel, 22 ans, dont le regard fardé est figé sur le miroir grossissant. « en temps normal, je n’enlève jamais ma prothèse capillaire, surtout devant mon petit-ami » , confie cette étudiante en commerce, atteinte de la maladie de hodgkin, un cancer du système lymphatique. « les femmes ont du mal à accepter leur nouvelle image ; certaines n’ont pas regardé leur reflet depuis le début des traitements » , explique roisin dockery, présidente de l’association belle et bien qui organise ces rendez-vous. « je ne me sens plus désirable avec ce crâne en partie dégarni » , confie une autre patiente, suzanna adzovic. dès le début des traitements, cette jeune femme de 40 ans n’a pas hésité à poser mille questions sur les effets du cancer en matière de sexualité à son oncologue un peu gêné. « je n’osais pas en discuter avec d’autres patientes d